En bref
Partenaires incontournables, les OPCO jouent un rôle essentiel dans la réussite du projet HOPE. Cécile BLONDEEL, directrice régionale de CONSTRUCTYS Hauts-de-France, Jack AUBERT, directeur des partenariats et des relations institutionnelles de l'AFDAS et Justine PETIT, chargée de mission réfugiés chez AKTO réseau FAF.TT nous expliquent en détails leur implication.
Pourquoi , en tant qu'OPCO, vous associer à la démarche ?
AFDAS : Il ne peut pas y avoir de résultats durables en termes de politique d’intégration sans un effort collectif et des actions conjuguées de l’ensemble des acteurs institutionnels ou privés.
L’Afdas et ses partenaires sociaux ont acté la volonté de s’inscrire dans cette démarche, au départ de façon expérimentale, avec 11 lieux culturels en IDF, avec le pari que cette première action s’inscrive dans la durée et se déploie dans tout le champ de la culture et au-delà.
Ce type de démarche apporte du sens à chacun tant pour les entreprises qui se sont lancées dans le programme, que pour l’Opco.
AKTO : Ce projet met en synergie de nombreux partenaires et répond aux enjeux de responsabilité collective et de solidarité. L’intérim permet :
- De se former tout en acquérant des droits,
- D’avoir une première expérience sur le marché du travail pour des personnes éloignées de l’emploi,
- D’être sourceur pour d’autres branches professionnelles.
- 20 % des premiers contrats de travail signés par les réfugiés sont des CONTRATS DE TRAVAIL TEMPORAIRE
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE : Un des objectifs de notre OPCO est le développement de l’alternance en réponse aux besoins de main d’œuvre du secteur.
Dès le départ, la démarche HOPE nous a semblé être une belle opportunité de former et intégrer durablement de nouveaux collaborateurs.
Le secteur de la Construction souffre actuellement d’un déficit d’image auprès des jeunes ou des demandeurs d’emploi alors que c’est un secteur qui offre de véritables opportunités de carrières.
Le programme HOPE nous a permis d’élargir le panel des candidats auprès des entreprises qui peinent à recruter.
Quel est le rôle des OPCO dans ce dispositif?
AFDAS : en tant qu'OPCO, nous assurons un double rôle :
- Un rôle d’accompagnement et de financement pour les entreprises
- un rôle de pilotage et de coordination du dispositif avec l’ensemble des acteurs mobilisés
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE : En premier lieu, nous sommes là pour faire connaître le dispositif HOPE aux entreprises et aux organisations professionnelles.
Avec chaque entreprise intéressée, nous analysons le poste à pourvoir. Au-delà des compétences attendues, nous vérifions que l’organisation des chantiers est compatible avec l’intégration d’un ou de plusieurs candidats notamment en ce qui concerne le tutorat qui peut être mis en place ou l’accessibilité des chantiers en transport en commun.
Ensuite nous accompagnons individuellement chaque entreprise et chaque candidat du début à la fin du parcours. Nous sommes présents dès les premières réunions d’information des candidats, lors des entretiens avec les entreprises et assurons un suivi tout au long du parcours pour sécuriser au maximum l’obtention du diplôme et l’embauche.
Nous faisons également le lien entre l’entreprise et le centre de formation.
Avec l’AFPA, nous ne nous arrêtons pas à la POEC, nous établissons un parcours de formation en alternance pour qu’étape après étape, c’est-à-dire CCP après CCP chaque candidat puisse prétendre à l’obtention d’un titre professionnel.
AKTO : nous articulons ainsi notre rôle autour de 3 axes prioritaires :
-
Jouer un rôle d'intermédiation entre les Entreprises de nos branches et l’ensemble des partenaires sur les territoires mobilisés dans le cadre des parcours HOPE : L’Etat (ministères de l’intérieur, du travail et du logement) et ses services déconcentrés, le Pôle emploi, l’OFFI, AFPA, les OPCO.
-
Mobiliser notre offre de service et celle des partenaires pour accompagner les réfugiés vers l'emploi et l’autonomie
-
Apporter un appui au suivi et l’accompagnement socio-professionnel des stagiaires réfugiés en formation
Le programme HOPE s’inscrit comme un véritable outil venant contribuer à la réussite de la politique d’intégration des migrants en France.
Comment mobilisez-vous vos entreprises pour y participer?
CONSTRUCTYS HAUT-DE-FRANCE : En leur présentant ce dispositif intégré qui au-delà de la formation propose un accompagnement social et des solutions d’hébergement nous leur offrons une solution à leurs problématiques de recrutement.
Nous nous appuyons également sur leurs pairs qui ont participé aux premières actions HOPE et qui sont de véritables ambassadeurs.
Et puis nous mobilisons les entreprises le plus en amont possible, pour qu’elles s’engagent très tôt dans le processus, bien avant les premières périodes de stages pratiques.
Dès le départ, nous leur offrons de la visibilité sur leur engagement. Elles savent que le parcours va se dérouler par étape, une POEC qui mène à l’embauche, un premier contrat de professionnalisation pour valider un ou deux CCP et si nécessaire un deuxième contrat pour aller jusqu’au titre professionnel et une embauche en CDI.
AFDAS : Nous avons fait connaître le dispositif auprès d’entreprises où un potentiel d’emploi a été détecté en amont. L’Afdas s’attache tout au long du process à sécuriser le processus d’insertion en collaboration avec les entreprise et en finançant une ressource dédiée sur l’accompagnement des réfugiés.
AKTO : La démarche de mobilisation des entreprises se fait principalement au travers de réunions collectives réunissant plusieurs Agences de travail temporaire. Un diagnostic est partagé avec les acteurs du territorial afin d’identifier les métiers en tension.
Pourquoi s'y investissent-elles?
AKTO : concernant notre secteur, Les agences de travail temporaire ont un engagement sociétal fort. Ce projet s’inscrit dans une démarche RSE, entreprise « solidaire » et « engagée ».
De plus, ce programme répond aux besoins en compétences des entreprises et permet de former des salariés à un métier ainsi qu’au français Langues étrangère en lien avec des métiers en tension.
La motivation des réfugiés , leur investissement corroboré par le retour positif des entreprises ont amenés les agences de travail temporaire à renouveler leur engagement, à chaque nouvelle promotion .
AFDAS : La culture est un vecteur d’intégration. Partant de ce constat, le secteur de la culture (établissements culturels en IDF) et des loisirs (Parc Asterix) ont souhaité s’investir dans cette cause à travers deux sessions mises en place en 2018 et en 2019.
Pour porter ce message fort, les chefs de ces établissements culturels n’ont pas été difficiles à mobiliser malgré des moyens financiers parfois limités (dépendance des subventions publiques). Chaque établissement a accueilli 1 réfugié en contrat de professionnalisation. A partir du stage pratique en entreprise à la fin de la POEC jusqu’à la fin des contrats de professionnalisation, ces établissements ont été accompagnés par un prestataire afin de lever tout type de frein et mieux coordonner l’action entre l’ensemble des employeurs. Cela a grandement contribué à la sécurisation et au succès des parcours.
Concernant les sessions mises en place avec le Parc Asterix (parc de loisirs) il s’agissait de trouver de la main d’œuvre pour la saison formée à leurs process internes. Se confrontant souvent à une pénurie de main d’oeuvre dans les métiers de la propreté, l’entreprise nous a fait confiance pour essayer un autre type de recrutement et de public. Ces recrutements d’un nouveau genre ont été une réussite pour l’entreprise qui sécurise dans les temps ces nouveaux collaborateurs en insertion.
Cette entreprise qui croit en sa responsabilité sociétale et soucieuse d’innover applique une politique d’intégration et d’insertion des publics spécifiques ce qui l’avait déjà amenée à embaucher des réfugiés l’année d’avant. Ce fut une première expérience très positive également.
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE : Les entreprises ont de réelles difficultés à recruter. Elles apprécient également le « clé en main » avec des candidats qui ont validé leur projet professionnel et un parcours de formation défini et négocié en amont.
Ont-elles des freins, des inquiétudes?
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE : Au départ, certaines craignent que le niveau de maîtrise de la langue française soit un frein à la compréhension des consignes, notamment des consignes de sécurité. Nous les rassurons en leur indiquant que cette problématique a été prise en compte avec des parcours de formation FLE (Français Langue Etrangère) qui ont été allongés et des candidats qui ont un niveau suffisant qui est vérifié en amont.
AFDAS : effectivement, les entreprises ont parfois des à priori sur le délai nécessaire pour les personnes réfugiées à s’intégrer dans l’entreprise, notamment par rapport au niveau de langue. Elles pensent qu’elles devront investir beaucoup plus de ressources pour ce type de public par rapport à d’autres recrues pour aboutir à un résultat positif.
Il est certes nécessaire de mettre en place un accompagnement en entreprise comme pour tout contrat de professionnalisation classique.L’accompagnement social et administratif est réalisé par l’Afpa (cela fait partie du programme), cela permet aux entreprises de se concentrer sur l’accompagnement métier.
Ce qui fait réellement le succès de ce programme et, sur ce point, tous les partenaires sont unanimes, c’est l’infaillible motivation des réfugiés à trouver leur place dans l’entreprise et dans la société française. Quand la motivation et l’envie d’apprendre sont présentes, tout le reste arrive naturellement.
Les entreprises qui ont déjà participé au programme HOPE relancent avec plus de facilité leur participation car elles savent qu’elles seront gagnantes à la fin.
Certes, au démarrage du parcours le niveau de langue française est assez bas mais la plupart font preuve d’une progression remarquable qui est souvent source d’étonnement en fin de parcours.
Un exemple de réussite ?
AKTO : Depuis son lancement en 2017, le programme HOPE a bénéficié à plus de 3 000 réfugiés formés à de nombreux métiers en tension (coffreur bancheur, maçon, employé commercial, étancheur, agent de fabrication industriel, agent de restauration, soudeur...). Avec un taux de réussite de 82,25 % aux certifications professionnelles, et de 75 % aux diplômes attestant du niveau de langue, le programme permet de sécuriser les trajectoires professionnelles et les parcours de vie de ses participants. Ainsi, 70 % des bénéficiaires du programme ont trouvé un emploi dès la fin de leur formation.
Un des exemples de cette réussite est Glory. Ce jeune congolais a intégré le programme en 2018. Il a suivi une formation de maçon en réseaux et voiries divers. Tout au long de son parcours de formation il a bénéficié d’un accompagnement social de la part de l’ETTI Humando ce qui lui a notamment permis de trouver un logement. Aujourd’hui Glory est en poste en tant que MVRD (découvrez son portrait en images)
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE : Sauf exceptions liées à des problèmes de comportement ou d’assiduité, les entreprises proposent systématiquement à l’issue du premier contrat de 6 mois un deuxième contrat pour poursuivre le parcours de formation.
Les premières promotions ont démarré en novembre 2017 et presque 4 ans plus tard nous savons que plusieurs candidats sont toujours salariés d’entreprises de la Construction. Ils ont changé d’entreprise et pour certains ont même acquis une certaine polyvalence en changeant de métier, mais toujours dans le BTP.
Certains ont même obtenu le permis de conduire, gage d’une intégration durable réussie.
Une nouvelle promotion va être mise en place d’ici la fin de l’année, et d’ores et déjà plusieurs entreprises se sont positionnées. Pour certaines il s’agit de renouveler l’expérience qui leur a a priori donné satisfaction.
AFDAS : de manière générale, les opérations portées ont été un réel succès de part et d’autre : les personnes réfugiées ont pu commencer à bâtir une nouvelle vie en France, les structures accueillantes ont pu s’enrichir de la diversité culturelle apportée par ces nouveaux profils.
Pour le Parc Astérix, sur les 8 réfugiés intégrés au parc Astérix en 2018, 7 sont revenus travailler la saison 2019. Il s’agit de CDD saisonniers de 8 mois.
Sur la promotion 2019, l’intégralité des 8 bénéficiaires du dispositif a souhaité revenir la saison 2020. Compte tenu du contexte COVID le parc n’est pas encore ouvert. Nous ne pouvons donc pas encore vous confirmer leur nouveau contrat de travail pour cette nouvelle saison.
Les 2 premières années étant une vraie réussite, en 2020 l’effectif a été porté à 12 personnes.
EN BREF :
L'AFDAS :
Tout en conservant son ADN et l’ensemble du ses branches historiques (culture, médias, communication, loisirs), l’Afdas accueille en tant qu’OPCO (opérateur de compétences) depuis mars 2019 sept nouvelles branches (sport, télécommunications, organismes de tourisme, hôtellerie de plein air, casinos, agences de mannequins, golf), dans une logique de cohérence de secteurs et d’enjeux emploi formation communs.
L’Afdas accompagne ses branches, ses adhérents et ses publics particuliers face aux grands enjeux de l’emploi et de la compétence dans son périmètre d’intervention à travers les nouveaux dispositifs issus de la réforme de la formation professionnelle : l’alternance et l’apprentissage, le développement de l’offre de formation, la certification et l’observation de l’emploi.
Au-delà de ces missions formelles, l’Afdas contribue aux côtés des pouvoirs publics et des branches, au déploiement d’EDEC (Engagement pour le Développement de l’Emploi et des Compétences), de préparations opérationnelles à l’emploi (POE) ou encore de programmes d’insertion tels que HOPE qui font de l’OPCO un acteur clé de l’insertion des jeunes, des publics les plus fragiles et les plus éloignés de l’emploi.
AKTO :
AKTO est l’opérateur de compétences des services à forte intensité de main d’œuvre. Il agit pour le développement de l’alternance, l’emploi durable et la construction de parcours professionnels. Il accompagne la performance des entreprises en renforçant la montée en compétences et la qualification des salariés. Il renforce l’attractivité des métiers et des emplois sur les territoires métropolitains et à l’Outre-Mer. Il est au cœur des synergies entre les acteurs de la formation professionnelle.
CONSTRUCTYS HAUTS-DE-FRANCE :
Constructys est l’opérateur de compétences de la Construction. En Hauts-de-France cela représente 15 000 entreprises et 105 000 salariés du Bâtiment, des Travaux Publics et du Négoce de Bois et du Négoce de Matériaux de Construction.
Leurs conseillers accompagnent les entreprises dans leurs projets de recrutement et de formation de leurs salariés ou de leurs futurs salariés.
Sur le terrain, ils aident à analyser leurs besoins, trouver et mettre en œuvre les solutions les plus pertinentes en agissant avec de nombreux partenaires de l’emploi, de la formation ou du monde économique.
Leur objectif est d’aider les entreprises à s’adapter aux mutations économiques et technologiques du secteur, comme par exemple la performance énergétique des bâtiments ou la digitalisation.