En bref
Roselyne Dupé, comptable, ne rêvait que de se retrouver derrière les fourneaux. Après 26 ans dans la banque et l’immobilier, elle a entamé une reconversion en suivant une formation de crêpier à Brest et une autre de créateur d’entreprise à l’Afpa de Saint-Herblain. À la clef, l’ouverture de son restaurant, Parfum de crêpes, à Nantes.
Ouverte, spontanée et prompte au rire communicatif, Roselyne Dupé possède ce qu’on appelle une nature généreuse et épanouie. Mais, même si elle avoue elle-même être une « bonne pâte », rien ne prédisposait cette Nantaise de 53 ans à devenir crêpière.
« À la base, à 16 ans, sans doute parce que j’avais un côté clown, je voulais faire l’école du cirque à Paris ! Mais mon père, qui était un personnage autoritaire, a mis son veto. Il voulait pour moi une position stable. Et le métier de comptable lui paraissait le comble de la stabilité. J’ai obtempéré. »
Promesse
Suivent donc un bac gestion, puis 13 ans comme employée dans une banque et 13 ans encore en tant que négociatrice immobilière dans des études de notaire. Rien que du sérieux, en somme. Mais, en 2009, la crise aidant, elle se retrouve brusquement au chômage. A 47 ans.
« Une idée me trottait dans la tête depuis longtemps : faire des crêpes, explique cette femme pleine de ressources et d’énergie. C’est une passion qui remonte à l’enfance, au temps où mon père, boulanger, nous faisait des galettes. Elles étaient tellement bonnes, ses galettes, que je lui avais dit : Un jour, je serai crêpière ! Il était temps de tenir parole. »
Et comme Roselyne n’est pas femme à faire les choses à moitié, ce n’est pas une, mais deux formations qu’elle suit dans la foulée : la première à Brest (Finistère), pendant sept mois, pour apprendre à faire sauter crêpes et galettes dans les règles de l’art ; la seconde à l’Afpa de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) pour une formation de création et reprise d’entreprise, de trois mois.
Après un stage éprouvant à La Fraiseraie, une grosse crêperie de Pornic (Loire-Atlantique) pouvant servir 150 couverts par soirée durant la saison d’été, elle trouve un local où monter son activité : « Un vieux bar tout miteux, dans un quartier résidentiel et excentré de Nantes, juste derrière le Radisson, un hôtel de luxe bâti dans l’ancien palais de justice de la ville », précise-t-elle. Sept mois de travaux plus tard, le 15 mars 2011, elle pend enfin la crémaillère.
Relookage et théâtre
Parfum de Crêpes, le restaurant de Roselyne, ressemble à sa propriétaire : chaleureux et haut en couleur. « Sur les conseils d’un client, j’ai tout relooké en orange pétant avec un énorme drapeau breton à l’entrée. Du coup, non seulement mon chiffre d’affaires, qui peinait à prendre son essor, a bondi de 30 %, mais en plus, Thierry, mon client conseilleur est devenu mon nouveau compagnon ! », raconte-t-elle dans un éclat de rire.
En parallèle, la pétulante crêpière, qui est aussi une bonne vivante très active, a plus d’une corde à son arc. Non contente d’animer la vie des rues avoisinantes en ayant créé l’association des commerçants du quartier dont elle est la présidente, Roselyne Dupé monte également sur les planches dans une troupe de théâtre amateur, pour laquelle elle interprète « Lola la friponne du Liberty Bar » dans Bonne planque à la campagne, une pièce de Charles Istace.
Comme quoi, la comptabilité mène à tout… à condition d’en sortir.