L'Afpa lutte contre l'illettrisme
En France, bien qu’ayant été scolarisées, 2.5 millions de personnes ne maîtrisent pas les compétences de base nécessaires en lecture, écriture et calcul soit 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans.
Membre fondateur de l'Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme (ANLCI), l'Afpa accueille chaque année en formation 10 000 personnes ayant des difficultés avec l'écrit. Dans le cadre de la Semaine de lutte contre l'illettrisme (8-15 septembre), rencontre avec Stéphanie Bregeras, formatrice RAN-FLE-FLI* à l’Afpa Montargis (45), qui veut prouver qu’il est possible d’apprendre à tout âge.
« Lorsqu’on est institutrice on suit un programme, à l’Afpa je peux adapter mon enseignement selon leurs besoins, je suis libre d’utiliser des pédagogies d’apprentissage différentes en m’appuyant sur les personnalités et les ressources de chacun. On aborde la lecture et l’écriture par le jeu, le théâtre, des mises en situation qu’ils rencontreront dans la vie réelle et petit à petit j’introduis la grammaire, l’orthographe, le calcul ». Manifestement cela porte ses fruits « les apprenants s’impliquent beaucoup plus lorsque sont abordés concrètement les problèmes du quotidien. Ils s’entraident et se motivent entre eux. A l’Afpa nous accueillons de 6 à 12 personnes par session, c’est l’idéal, on est loin des 35 élèves par classe ! ».
Durant ces 10 semaines (350h maximum), deux semaines (70h) sont consacrées à un stage en entreprise (non obligatoire mais fortement conseillé). Un moment important qui leur permet d’être plus autonomes et de se familiariser notamment avec les concepts de respect d’horaire et de contraintes de travail. Rien que prospecter et rechercher un stage peut provoquer de l’appréhension mais Stéphanie les accompagne dans leurs démarches et, une fois le premier pas amorcé, contacte les entreprises. En effet « les tuteurs sont parfois peu enclin à embaucher des personnes qui éprouvent des difficultés. Je leur explique que ce n’est pas parce qu’ils sont timides que sur le terrain ils ne seront pas capables de faire des choses. Bien souvent ils ont même plus de motivation qu’une personne à l’aise oralement. Comme tout un chacun quand on intègre un nouveau travail, on craint de ne pas être à la hauteur, d’être jugé. J’essaie donc de casser cet apriori ».
A chaque retour de stage, c’est un véritable déclencheur, leur confiance en eux est décuplée. « Souvent les plus surpris que cela se soit bien passé, ce sont les tuteurs » renchérit Stéphanie. Et le verdict tombe : la barrière de la langue n‘empêche ni la volonté ni le courage.
Il n’est pas rare que Stéphanie Bregeras remarque des noms familiers au début de ces stages financés et rémunérés par le Conseil régional. « Je me sens utile et les voir évoluer me rend fière » affirme la formatrice dans un sourire, « un lien exceptionnel se crée entre nous ».
Analphabétisme : lorsqu’une personne n’a jamais été scolarisée et n’a jamais abordé les apprentissages de base en lecture, écriture et calcul
Illettrisme : lorsqu’une personne scolarisée normalement n’a pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture et du calcul, cette situation empêchant d’être autonome dans les actes de la vie courante
RAN : Remise à Niveau
FLE : Français Langue Etrangère, lorsqu’il s’agit d’enseigner la langue française à des personnes non francophones
FLI : Français Langue d’Intégration, lorsqu’il s’agit d’enseigner la langue française à des personnes immigrées adultes dont le Français n’est pas la langue maternelle