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Témoignage 13/06/2019

Cynthia et Samuel : couple d'entrepreneurs

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Cynthia Ginier et Samuel Loriot

 

créateurs d'entreprise

« Nous récupérons sur les chantiers ce dont personne ne veut et nous en faisons notre matière première. »

En bref

Se reconvertir, prendre une trajectoire à 360 °, changer de vie professionnelle est loin d’être facile. La tâche se complique lorsqu’on a des enfants et devient délicate lorsque les deux conjoints décident de se réorienter simultanément. Pourtant, Cynthia Ginier, styliste de formation, et Samuel Loriot, chef cuisinier dans des restaurants gastronomiques, ont quitté leur emploi à quelques mois d’intervalle pour se former et créer une entreprise (pas comme les autres) dans le bâtiment : CGLS.

Parents de quatre enfants, Cynthia Ginier et Samuel Loriot auraient pu poursuivre tranquillement leurs carrières respectives. Mais deux dernières expériences professionnelles malheureuses pour l’un et une nouvelle envie pour l’autre en ont décidé autrement.

« Nous avons rénové plusieurs maisons dont celle où nous habitons actuellement et nous y avons pris goût », déclare Samuel Loriot. Leur choix est fait : ils travailleront dans le bâtiment. Au départ Cynthia se destinait à la décoration d’intérieur : « habiller les gens ou habiller une maison, c’est la même chose. C’est juste un transfert de compétences. Mais je voulais une formation pointue et avec un niveau supérieur au bac pour être prise au sérieux. Etre une femme dans le bâtiment n’est pas évident alors quand on vient de la mode, il faut être calée. »
 

Des métiers de service aux métiers du bâtiment

Après un bilan de compétences, elle trouve la formation qui lui convient : technicien supérieur en économie de la construction. « Du premier coup de pelle à la remise des clés, le technicien supérieur en économie de la construction gère tout de A à Z. Respect des normes du plan de l’architecte, suivi du chantier, facturation aux clients, son champ est très large », déclare Cynthia Ginier.

La formation est intense avec des moments riches mais aussi très difficiles. « Je savais ce que je voulais faire au début et au fur et à mesure, de moins en moins. Les champs des possibles se multipliaient, j’étais paumée. » Pour Samuel, ce fut plus difficile. Ayant quitté l’école tôt, avec un niveau 5eme , il a du faire une remise à niveau avant d’intégrer la formation de technicien étude de prix. « Mais comme dans la cuisine, j’ai apprécié d’apprendre tous les jours de nouvelles choses », ajoute-t-il.
 

Une affaire de famille

Cynthia termine sa formation en première et décide de créer une entreprise avec son frère et sa sœur. « Mon frère avait vu en Martinique une machine qui récupère les terres non polluées et caillouteuses. Il a voulu faire la même chose en France. » A la fin de sa formation, Samuel les rejoint mais un mois plus tard, le frère et la sœur de Cynthia quittent le projet. « Ils ne viennent pas du bâtiment et n’ont pas compris tous les enjeux », affirme-t-elle.

Qu’à cela ne tienne, Cynthia et Samuel créent en décembre dernier la société CGLS spécialisée dans la transformation, le recyclage et la valorisation des déchets de terrassement. « Nous récupérons directement sur les chantiers les déblais de terrassement, un matériau considéré par les professionnels du bâtiment comme un déchet, pour les transformer en un éco-matériau de qualité : du granulat réutilisable sur les chantiers », expliquent-ils.
 

Une entreprise du bâtiment peu ordinaire

Une conscience écologique qui sonne comme une évidence : « c’est ancré dans notre quotidien. Nous ne cuisinons que des produits frais et locaux, nous recyclons et donnons une seconde vie à beaucoup de choses. »

Un positionnement unique dans le secteur du bâtiment : « les chefs de chantiers et les terrassiers ne connaissent ni le procédé ni la machine permettant le traitement direct de la terre. Ils s’interrogent encore sur l’intérêt et le coût financier. Ils attendent de voir sur un premier chantier. »

Un premier chantier qui tarde faute de financement suffisant : la machine coûte 400 000 euros. « Les banques sont frileuses pourtant le contexte politique nous est favorable avec le contrat de transition énergétique. Nous sommes en attente de soutiens plus flagrants de la ville de Coutances, l’Ademe et la BPI et nous allons chercher des business angels et autres investisseurs », indique Cynthia Ginier.

« Et surtout nous avons toujours été soutenus par nos formateurs de l’Afpa de Coutances qui sont plus que des formateurs pour nous. Nous pouvons toujours compter sur eux, ils nous épaulent, nous mettent en contact avec des professionnels », ajoute Samuel Loriot.

Tous deux sont unanimes. Malgré les difficultés, ils ne regrettent pas leur vie d’avant : « le challenge vaut le coup. Il faut penser à demain et avancer. »

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