Le bon message pour la bonne formation
L'Afpa et Pôle emploi lancent de concert une vaste campagne e-mailing à l'attention des demandeurs d'emploi à la recherche d'une formation. Objectifs : lever les inquiétudes de certains à se former et leur apporter une information claire sur les métiers et les formations disponibles. Cette opération déployée sur l'ensemble du territoire à la fin de l'été 2016 s'inscrit dans le cadre du plan « 500 000 formations supplémentaires » pour les demandeurs d’emploi. Audrey Pérocheau, directrice de programme formation de Pôle emploi et Isabelle Dubose, directrice du Conseil en formation de l'Afpa répondent à nos questions.
Afpa Partenaires - De quelle manière, Pôle emploi et l'Afpa ont-ils récemment renforcé leur synergie stratégique et opérationnelle afin d'inciter les demandeurs d'emploi à se former ?
Audrey Pérocheau. L'action essentielle pour sensibiliser les demandeurs d'emploi aux opportunités de formation est de les informer. Certains renoncent parfois à se former et perdent des opportunités d'améliorer leurs chances de retrouver un emploi. C'est pourquoi l'action de Pôle emploi est majeure pour améliorer l'information sur la formation par des messages adaptés. De nombreuses actions locales sont menées en commun par Pôle emploi et l'Afpa pour lever les préjugés sur certains métiers et présenter les formations disponibles, mais parfois des réticences perdurent et il faut de nouveau informer, rassurer et convaincre. En lançant fin août/début septembre une campagne e-mailing massive à l'attention des demandeurs d'emploi dans toutes les régions, nous avons franchi une étape supplémentaire dans le partenariat entre nos deux institutions qui a été renouvelé en décembre 2015.
Isabelle Dubose. De nombreux métiers sont encore mal connus ou renvoient une image négative. Cette campagne a pour but d'informer précisément les demandeurs d'emploi sur ces métiers et de lever les freins à l'entrée en formation liés à de fausses perceptions. En juin dernier, nous avons travaillé à la réalisation d'une recherche-action avec le Crest (Centre de recherche en économie et statistique) - avec lequel Pôle emploi a un partenariat- , qui a identifié chez les demandeurs d'emploi dans des régions test [1]quatre réticences à se former : la crainte des difficultés administratives, celle de ne pas en tirer un réel bénéfice, le coût de la formation et son éventuel impact sur l'indemnisation, les débouchés de la formation. En miroir, nous avons défini des messages informatifs et positifs (« la formation favorise le retour à l'emploi », par exemple) qui figurent sur les mails adressés aux demandeurs d'emploi. Chaque mail comporte en plus jusqu'à dix fiches métiers (« Je me forme au métier de serveur en restauration », par exemple) qui décrivent la réalité d'un métier qui recrute, les lieux et les dates de formation disponibles.
Comment les demandeurs d'emploi destinataires des mails et les formations ont-ils été retenus ?
Audrey Pérocheau. Ce sont les directeurs régionaux de Pôle emploi et de l'Afpa qui ont défini les formations sur lesquelles ils souhaitaient communiquer. Avec l'appui de l'Afpa, nous avons élargi la recherche de demandeurs d'emploi aux métiers connexes à ceux couverts par la formation, et les conseillers de Pôle emploi ont identifié, pendant l'été, les demandeurs d'emploi susceptibles d'être intéressés par ces formations. Nos conseillers sont en effet la clé de voûte du dispositif. Les premiers candidats ont été contactés fin août. La campagne a été généralisée à l'ensemble du territoire début septembre. Au total, plus de 150 000 mails ont été envoyés. Dans cette opération, Pôle emploi joue pleinement son double rôle de financeur et de prescripteur de formations. Nous nous chargeons ainsi du recrutement des formations financées par les régions.
Isabelle Dubose. L'un des intérêts de cette opération est d'avoir travaillé sur les aires de mobilité professionnelle avec les demandeurs d'emploi. Nous nous sommes vraiment attachés à rechercher ceux qui pourraient être intéressés par les formations disponibles, même s'ils étaient issus d'un autre secteur professionnel. Les recherches de ces formations se sont effectuées au plus près des besoins des bassins d'emploi. Chaque mail était adapté à la région concernée.
Audrey Pérocheau. Grâce à cette démarche, nous avons amélioré les « taux de transformation », c'est-à-dire, le nombre d'appels de demandeurs d'emploi ayant reçu le mail d'information par rapport aux sollicitations traditionnelles pour des formations. Les quatre régions test ont toutes enregistré des taux de transformation supérieurs à la moyenne constatée dans les 13 régions concernées par la campagne. Cette meilleure connaissance du « Bon message pour la bonne formation » va être réinvestie dans les prochaines actions locales et nationales.
Quel est le lien avec le plan "500 000 formations supplémentaires"?
Audrey Pérocheau. Cette opération s'inscrit pleinement dans le plan gouvernemental. Il s'agit à la fois de répondre à des besoins en compétences non pourvus dans certains secteurs et de faciliter le retour à l'emploi de demandeurs d'emploi grâce à la formation. Le but est de répondre par un bon sourcing aux besoins identifiés dans les diagnostics territoriaux et aux formations financées par les régions.
Isabelle Dubose. Actuellement de nouveaux marchés sont lancés par les régions dans le cadre du plan 500 000 et de nombreuses entrées en formation vont s'effectuer en septembre/octobre. C'est un moment crucial pour la réussite du plan à laquelle cette campagne e-mailing contribue.
Propos recueillis par Valérie Grasset-Morel[1] Centre-Val de Loire, Nouvelle Aquitaine, Auvergne Rhône-Alpes, Hauts-de-France